Conférence Mondiale sur la Protection de la Petite Enfance

Conférence mondiale sur l'education et la protection de la petite enfance

Plus de 150 pays se sont retrouvés à Tachkent, en Ouzbékistan, autour d’une conférence sur l’Education et la Protection de la Petite Enfance organisée par l’UNESCO. Des représentants des États membres de l’organisation ainsi que des experts du monde entier se sont ainsi réunis autour d’un même objectif : réaffirmer le droit de tous les jeunes enfants à des soins et une éducation de qualité, et inciter les États membres à renouveler leur engagement. Plusieurs thèmes ont été au cœur de cette conférence : l’inclusion, la qualité et le bien-être, la main d’oeuvre et les soignants de l’EPPE, la politique/gouvernance/finances ainsi que les innovations en matière de programmes. Des engagements ont ainsi pu être pris afin de faire progresser l’EPPE au niveau mondial.

Conférence Mondiale sur l'Education et la protection de la Petite Enfance : ce qu'l faut retenir

« La petit enfance n’est pas une dépense mais un investissement », tels sont les mots entendus lors de l’ouverture de la Conférence. Pourtant aujourd’hui, le défi est de taille pour faire de l’Education pré-primaire une priorité pour tous. En effet, de nombreux enfants dans le monde n’y ont toujours pas accès.

Un accès à l'éducation pré-primaire encore trop inégal

Dans les pays en voie de développement notamment, 80% des enfants ne sont pas scolarisés avant l’âge du primaire, seulement 20% le sont. Dans les pays développés, c’est souvent l’inverse : 80% des enfants sont scolarisés avant 6 ans mais 20% malgré tout ne le sont pas. Il est nécessaire de s’intéresser aussi à ces 20% afin de développer l’accueil et l’accès à l’éducation pré-primaire. Certaines communautés sont encore trop souvent mises de côté, c’est le cas notamment des Roms en Europe dont la situation est toujours extrêmement précaire.

Le manque de soins ou encore d’accès à la nourriture est aussi encore inégal partout dans le monde. Pourtant, pour qu’un enfant puisse bien apprendre, il est essentiel qu’il soit bien nourri. S’il ne mange pas à sa faim, il ne pourra pas avoir les capacités maximales pour apprendre. Cette réalité là est aussi un défi dont il faut avoir conscience.

Une éducation de qualité, un droit pour tous

Pendant cette conférence, il a été rappelé que les pays développés investissent environ 6% de leur budget dans la petite enfance et l’éducation. Tandis que les pays en voie de développement ou très pauvres n’investissent que 2%, ce qui est problématique car ce sont bien ces pays qui ont le plus besoin de budget pour développer une Éducation et Protection de la Petite Enfance de qualité. Car oui, la qualité est un droit. Tous les enfants dans le monde doivent avoir une qualité d’enseignement ou d’accueil respectueuse de leur bien-être et du développement de leur potentialité.

Pour cela, il est plus que nécessaire d’avoir des professionnels formés et compétents, en nombre suffisant pour répondre aux besoins d’éducation pré-primaire. Car il est important de rappeler qu’il manque aujourd’hui 9 millions d’enseignants dans le monde pour répondre à cette exigence.

Amanda Devercelli, responsable du développement de la Petite Enfance à la Banque Mondiale a développé ce sujet durant une table ronde. La main d’oeuvre a un impact sur la qualité de la petite enfance. En effet, plus la main d’oeuvre est élevée, plus la qualité de l’enseignement sera importante. Par contre cette qualité diminue si le nombre d’enfants augmente. Ainsi, un personnel qualifié qui travaille avec des petits groupes d’enfants pourra assurer une éducation qualitative. L’environnement est aussi important : plus il est agréable, plus les conditions d’apprentissage seront optimales.

Acoompagner les professionnels de la Petite enfance, une nécessité

Conférence Mondiale - Nilda Santos

Ainsi, il est plus que nécessaire de pallier le manque de professionnels et d’éducateurs. Aujourd’hui encore, la formation ainsi que le salaire ne sont pas en adéquation avec ce que nous pouvons attendre. Plusieurs pistes ont été mises en lumière : le coaching, le mentoring avec notamment la mise en place d’une communauté d’éducateurs expérimentés. Ces derniers pourraient ainsi aider et soutenir les éducateurs dans la prise de leurs fonctions, tant d’un point de vue professionnel que émotionnel. Car il est important de rappeler que les métiers de la Petite Enfance sont extrêmement exigeants au niveau des compétences psycho-sociales. Il est donc important de rendre les métiers de la Petite Enfance plus attractifs mais aussi de bien préparer les futurs professionnels et surtout de les accompagner une fois sur le terrain.

Plusieurs pays ont apporté leur éclairage sur cette question. Le Paraguay a notamment beaucoup investi dans la formation continue. Il garantit aujourd’hui l’évolution des travailleurs qui bénéficient d’une formation et d’un accompagnement sur le terrain. Singapour a également revu tout son programme scolaire et a mis en place des guides professionnels afin de constituer des bases politiques solides pour son pays.

Les 1000 premiers jours de l'enfant, une période charnière

Les découvertes des neurosciences ont également étaient au cœur de cette conférence. Grâce aux nouvelles connaissances qu’elles nous apportent, elles ont permis d’engager un véritable tournant dans nos pratiques. Les neurosciences le montrent : la plasticité du cerveau de l’enfant est incroyable. La Petite Enfance constitue donc la meilleure période pour apprendre des choses et développer le plein potentiel des enfants. Il est donc plus que nécessaire qu’ils multiplient à ce moment là les expériences langagières, sensorielles ou encore émotionnelles. Pour se faire, les interactions avec l’adulte sont indispensables. Les 1000 premiers jours de vie sont précieux car 90% du cerveau se construit durant cette période. Il est donc important de reconnaître enfin l’importance de la petite enfance afin de permettre à tous les enfants de développer leurs compétences. C’est aussi en prenant conscience de l’importance des premières années de l’enfant que les métiers de la Petite Enfance pourront enfin être reconnus à leur juste valeur.

Des engagements prometteurs

Au terme de ces trois jours, la déclaration de Tachkent a été adoptée par la Conférence Mondiale de l’Education et de la Protection de la Petite Enfance. Elle liste notamment les engagements d’action pour la transformation des soins et de l’éducation de la petite enfance : stratégies, priorités, indicateurs de références réalisables, partenariats, programmes de développement… Cette déclaration comprend aussi les résultats à atteindre pour la réalisation de l’objectif 4.2 de l’Objectifs de Développement Durable (ODD), adopté lors du Sommet sur le développement durable des Nations Unies en septembre 2015, par les États membres : « D’ici à 2030, faire en sorte que toutes les filles et tous les garçons aient accès à des activités de développement et de soins de la petite enfance et à une éducation préscolaire de qualité qui les préparent à suivre un enseignement primaire ».

Passer à l'action ensemble

Suite à cette conférence, vous, comme moi, avons donc une mission. Celle de passer à l’action. Mais sommes nous à la hauteur de ce défi planétaire ? Sommes nous capables de faire de l’Éducation et de la Protection de la Petite Enfance une priorité malgré les conflits mondiaux, les pandémies ou encore les défis écologiques à relever ? Il est de notre responsabilité d’en être capable. Avons-nous vraiment le choix ? Quel monde voulons-nous pour demain ? Il nous suffit de regarder l’enfant pour comprendre ses besoins. Il nous suffit de le regarder pour savoir ce que nous devons mettre en place pour son bien-être et celui de toute l’humanité. En unissant nos forces, nous pouvons tous ensemble progresser vers une même mission : celle de protéger l’enfant afin qu’il devienne un adulte responsable, capable de protéger les autres à son tour. Il n’y a pas de petites actions, il n’y a que des grandes actions. Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, nous l’a rappelé pendant la conférence : « L’éducation est une arme, soit d’action, soit de destruction. Alors, soyons tous acteurs et faisons de l’éducation une arme d’action vers la paix ».

Cet article a été écrit par Nilda Santos & Marie Mourot.

Crédits photos : © Henrique Santos

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